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Le chat de comptoir
15 octobre 2010

Man vs Wild (aka Me in my Apartment)

Cela avait pourtant commencé comme une journée normale, pour autant que normal signifie encore quelque chose dans ce lieu mystérieux et reculé de la jungle urbaine. Car cet endroit, aussi anodin puisse-t-il paraitre n’est-il pas le lieu de tous les dangers ? Le voyageur inexpérimenté et inconscient pourrait bien rire de cette analyse et son premier geste en ce temple maudit serait surement de s’avachir sans retenue après avoir pillé le frigo à la recherche d’une bière ayant depuis longtemps colonisé le bac à légume. Mais déjà ce geste anodin l’expose à une morte certaine (ou du moins à une violente diarrhée), car pourrait-il se douter que dans ce sanctuaire à la blancheur virginale se dissimulent de dangereux zombies endormis par le froid mais toujours prêts à lui maltraiter les entrailles ? Qu’adviendrait-il alors de lui s’il s’emparait de cette sauce aux allures orientales transformée par le temps en acide bon marché ? Pourrait-il espérer être secouru après s’être enfoncé dans les méandres verts impénétrables de cette sauce au pesto dont la teinte donne désormais dans le ver de terre ? Un faux pas qu’on ne pourrait d’ailleurs lui reprocher, car comment ne pas se faire abuser par cette terrine de canard couverte d’un épais manteau blanc à l’aspect graisseux alors qu’il ne s’agit là que d’une colonie de champignons.

Ainsi la seule attitude valable est ici d’attendre le danger retranché dans ses positions en regardant passer lentement les étranges buissons sphériques échappés d’un western et constitués d’un amalgame de poussière, poils de chat et autres poils humains à la provenance inavouable. L’attente est souvent longue donnant alors naissance à l’insoutenable tentation télévisuelle de s’oublier en regardant la 203eme diffusion en une semaine de cet épisode de la saison 3 des Simpsons sur W9, la 54eme coupure pub du Grand Journal après 10 min d’émission ou bien encore le reportage racoleur de Zone Interdite nous ayant fait patienter 2 heures pour nous dévoiler une scène à l’érotisme d’une page du catalogue lingerie de la Redoute (j’a dit Zone Interdite mais vous pouvez bien entendu remplacer cela marche bien également bien entendu pour les émissions de la première chaine).

Cependant malgré cette préparation psychologique, le danger arrive toujours à surprendre, et ce fut bien entendu le cas cette fois-ci. Car ce ne fut pas sous la forme d’un félin tigré avide de votre chaire qu’il se présenta, mais sous une forme plus insidieuse et perverse : le froid. Pourtant l’avertissement ne fut pas long à se déclencher, rougeoyant de manière inquiétante tel le voyant d’un répondeur vous avertissant de ne pas écouter le message laissé par votre sœur. Ainsi donc, la chaudière, privée de son précieux combustible que l’on nomme en 3 lettres et qui est un synonyme de « pet », était en rade. Il n’en fallait pas plus à la température pour se débiner lâchement, se réduisant à 16 le lendemain pour n’être plus qu’à 15 le surlendemain soit presque autant qu’à l’extérieur, et encore je n’avais pas le soleil et les gaz d’échappement pour me réchauffer. Il me fallait donc survivre dans cet environnement hostile, et ce que nous a appris Bear Grylls, c’est que dans des situations pareilles l’urine est toujours la voix du salut. La bière étant le meilleur stimulateur de la vessie je sacrifiais ma sobriété à ma survie et liquidais mes bouteilles les unes après les autres. Pourtant rien n’y fit et le froid continuait à s’étendre, me laissant ainsi seul, éméché, recouvert de ma crasse et d’une dizaine de couche de vêtements hétérogènes, le tout recroquevillé face à mon PC en poussant des ricanements sinistres. C’est à ce moment là que j’ai eu une révélation: j’étais en effet sur le point de devenir un écrivain de génie. Tout était en effet réuni pour remplir le cliché éprouvé de l’artiste maudit, ne me manquait plus pour cela qu’une violente maladie respiratoire infligée à l’un de mes poumons, ce que le froid ne manquerait pas de m’inculquer les prochains jours. Aussi, en attendant que je sois frappé d'inspiration virale, je décidais de marquer ma différence à la manière des artistes : en me coupant l’oreille.

C’est un peu près à ce moment que les techniciens de GrDF ont débarqué chez moi pour rétablir l’alimentation en gaz. Ainsi donc je suis passé à ça de pouvoir laisser mon empreinte dans les bibliothèques françaises et au lieu d’écrire un chef d’œuvre à l’article de la mort me voilà réduit à polluer le réseau tel un internaute lambda en quête d’amitié sur fakebook… Que voulez-vous, la vie est mal faite.

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